Immense pierre tombale, repos des rêves d’enfance
Un joyau gris et terne au milieu des pinèdes
Mes pas claquent sur les dalles, résigné je m’avance
Au pied de la poterne ; parallélépipède
Mon destin est scellé, et déjà je pénètre
Dans le bâtiment morne, enveloppé de silence
Fermement condamnées, les dangereuses fenêtres
La moquette s’écorne, le café coule rance.
Les corps des salariés, sous leurs tristes atours,
Chemises blanches ou bleues, seules couleurs bienséantes
Sont pâles et atrophiés d’être huit heures par jour
Enfermé dans ce lieu, sur une chaise puante
Je m’affale moi aussi, et je sens ma ceinture,
Faute au repas d’hier, épreuve interminable
Qui rentre dans mes chairs, au bord de la rupture
Deux heures de ma vie de discussions minables
J’ai oublié ma tasse, je bois les particules
Du gobelet en plastique qui me fond dans les doigts
Les collègues s’amassent dans la même cellule,
Se donnent la réplique : “Oui bon weekend, et toi ?”
Sans force l’écran grésille, comme un oeil hébété
Et ça sent la poussière, sueur d’ordinateur
La souris est à bille, collante antiquité
Et sur les étagères, il n’y a que des classeurs
Déjà ma panse gargouille du breuvage écoeurant
Que j’engloutis sans trêve pour que le temps passe vite
Je me lève, je bafouille, mes paroles couvrant
Le bruit du gaz qui crève mes boyaux qui s’irritent
Je suis dans l’escalier, téléphone à la main
Mon meilleur jeu d’acteur, personne au bout du fil
Je laisse s’échapper de mon pauvre intestin
Les miasmes putréfiés aimés des coprophiles
Soudain c’est la stupeur, scénario catastrophe
Contraint de vous quitter, je termine ma strophe :
Une charade, mon premier : oiseau blanc, rameau fin
Mon deuxième cher lecteur : retire le “B” du bain